Art contemporain, globalisation et transculturalité.
L’événement propose comme point de départ aux différentes réflexions : la transculturalité dans l’art contemporain via le prisme global.
De manière courante, le terme transculturation désigne la « modification des caractéristiques d’une ethnie au contact d’un autre type de civilisation », encore « le processus par lequel un phénomène passe d’une culture à une autre ». La paternité du concept revient à l’anthropologue cubain Fernando Ortiz, qui en fait usage dans les années 40 pour rendre compte des objets amérindiens qui ont été non seulement préservés dans la culture d’origine mais adoptés et développés dans la culture d’accueil européenne. Il traite notamment du cas du tabac, plante amérindienne, qui a eu un impact profond et durable tant en Amérique qu’en Europe. Suivant la pensée introduite par Ortiz, Jean Lamore, fait paraître encore que la transculture s’apparente à « un ensemble de transmutations constantes ; elle est créatrice et jamais achevée […] les deux parties s’en trouvent modifiées. Il en émerge une réalité nouvelle qui n’est pas une mosaïque de caractères, mais un phénomène nouveau » (« Transculturation : naissance d’un mot », in Vice Versa, vol 21, 1987, p.18).
Par nature, la transculturalité prédétermine les enjeux liés aux échanges et aux flux, aux formes de contaminations qui s’exercent entre ce que l’on pourrait nommer (non sans réserve), « culture native » et « culture conquérante ».
A l’ère de la postmodernité, et dans un contexte plus que jamais globalisé, l’idée de transculturalité va de soi. Pour autant derrière un terme galvaudé, il est proposé d’examiner un peu plus précisément les différents enjeux induits par ces phénomènes de contamination, et ceux dans le domaine de l’art contemporain : Des phénomènes d’immigration massive, aux systèmes d’expositions et de marchandisation de l’art (foires d’art, biennales, musées et leur franchise : Guggenheim à New York, Bilbao, Abu Dhabi, le Louvre à Lenz et Abu Dhabi, etc.) jusqu’aux mobilités nécessaires ou stratégiques des artistes, quels nouveaux glissements et hybridations esthétiques pouvons-nous identifier ?
Que révèle ce type de déplacement et de transmutation dans le circuit artistique d’aujourd’hui ? Contribuent-ils à décloisonner les frontières très hiérarchisées du monde de l’art contemporain ?
Le festival sera formé de plusieurs rencontres entre critiques et penseurs d’art pour tenter d’apporter des éléments de réponses aux questions posées et formuler de nouveaux éclairages sur des problématiques complexes et mouvantes à l’œuvre dans l’art actuel: mondialité, exil, identité, partage des cultures.
Au sein de ces problématiques nous nous proposons de croiser les théories. En filigrane, se pose notamment la question des rapports entre le Nord et le Sud. La présupposée prédominance culturelle des sociétés occidentales sur les cultures dites « périphériques » est-elle encore d’actualité ? Quels sont les nouvelles perspectives, les nouveaux territoires culturels ? Quel rôles (culturels et économiques) jouent les différents formats d’expositions internationaux ? Existent-ils des formes culturelles de résistances locales à ces phénomènes de contamination?